La Mouche de l’olive

Le cycle de vie de la mouche de l’olivier :

La mouche de l’olive (Bactrocera oleae) est le principal problème sanitaire que nous avons à gérer pour la culture de l’olivier.Elle peut anéantir toute la production d’une année.

C’est une petite mouche d’environ 5mm le long facilement reconnaissable par un triangle blanc sur le thorax et un petit point noir au bout des ailes.

Elles passent généralement  l’hiver au stade de pupe, sous les arbres a une faible profondeur sous terre.

 Cette pupe est assez résistante, mais le gel et les prédateurs naturels comme les carabes peuvent entrainer une certaine mortalité….d’où l’importance d’entretenir la biodiversité dans le verger.

A partir du mois de mars et tout au long du printemps, les mouches adultes émergent des pupes

Elles peuvent survivre jusqu’à l’hiver si les conditions notamment climatiques leurs sont favorables.

Elles se nourrissent de bactéries et protéines et comme celles présentes sur l’olive.

L’accouplement peut se faire  rapidement. La femelle  va ensuite conserver le sperme dans sa spermatheque jusqu’à la ponte qui peut intervenir plusieurs mois plus tard.

Quand les olives atteignent une taille d’environ 1cm, la mouche peut pondre sous la peau de l’olive (jusqu’a plusieures centaines d’œufs dans la saison, mais generalement toujours une seule ponte par olive)

A ce stade, il n’y a aucun dégât sur l’olive.

Cycle de vie de la mouche
Une piqure de mouche de l'olive

Si les températures ne sont pas excessives, un asticot va se développer en se nourrissant de la pulpe de l’olive.

Mais en été, au-delà de 30°c l’activité des mouches se ralentit. Au-delà de 35°c on observe une importante mortalité des asticots et des pupes dans l’olive et au-delà de 40°c et surtout en absence d’eau, c’est en plus la mortalité des mouches adultes qui est observée.

Les canicules estivales sont donc nos alliées dans la lutte contre cet insecte.

Si l’asticot peut se développer normalement il se transformera en pupe puis en mouche adulte qui pourra alors sortir de l’olive par un trou d’environ 2mm.

C’est à ce moment que les dégâts qu’a subi l’olive sont lourds de conséquences :

L’asticot a mangé une partie de la pulpe et lorsque l’air et l’humidité entre dans cette olive par le trou par lequel la mouche est sortie, le reste de la pulpe se dégrade rapidement et l’olive fini par chuter : Perte de récolte.

Si l’olive est encore sur l’arbre en grande quantité au moment de la récolte, sa chair et son huile dégradée va contaminer le lot d’olive lors de son apport au moulin : Perte de qualité

Voila en images les differentes etapes qui suivent la ponte  : Dégats de la mouche

Une génération de mouche dure environ un mois.

Quand les conditions sont optimales, comme en 2014 avec des températures inférieures à 30°c et une bonne humidité pendant tout l’été, quatre à cinq générations peuvent se succéder entre fin juin et octobre.

La mouche sort de l'olive
Le trou de sortie de la mouche de l'olive

Par ailleurs depuis une dizaine d’années une autre conséquence négative de la ponte de ces mouches est apparue 

 C’est un champignon, la dalmaticose, qui est véhiculé par la cécidomyie elle-même étant un insecte qui parasite l’œuf de la mouche.

Le champignon se développe alors et entraine à terme le dessèchement et la chute de l’olive.

Developpement de la dalmaticose

Toutes les variétés d’olives ne sont également attractives. Dans notre verger, ce sont les Bouteillan et Grossane qui, par ce que ce sont de grosses olives et les plus précoces sont les plus sensibles aux attaques de mouches.

Comment évaluer le risque :

Un hiver avec des gelées assez importantes et prolongées pour pénétrer le sol  peut réduire significativement le nombre de pupes et donc de mouches adultes à partir du printemps.

Lorsque la période à risque approche vers la fin juin, nous devons tenter d’évaluer la présence et l’activité de ces mouches.

Nous procédons à un piégeage destiné au comptage.

Nous pouvons utiliser un piège de type piège a guêpe avec un attractif alimentaire ou plus efficacement un piège à phéromones.

Ce piège est constitué d’une plaque engluée de couleur jaune (qui attire  les mouches d’une manière

Piege a pheromones

Il est également possible de compter les piqures, mais toutes ne sont pas des piqures de ponte et il est donc plus délicat d’en déduire l’activité réelle des mouches.

Enfin une surveillance sérieuse des conditions climatiques prévues pour les jours à venir nous aident à décider ou non de la nécessité d’une mesure de protection des olives :

Canicule et sècheresse annoncés : Risque faible

Prévision d’un rafraichissement avec pluie : Risque élevé

C’est la combinaison de toutes ces observations qui permet à l’oléiculteur biologique de déterminer la pertinence d’une intervention.

La lutte biologique contre la mouche de l’olive :

Les prédateurs de la mouche adulte sont assez rares dans les vergers.

Des observations et des essais ont été faits sur l’activité d’insectes tels que le psyttalia concolor et l’eupelmus urozonus, mais leur présence régulière dans les vergers et leurs interactions avec la mouche de l’olive restent encore assez mal connues.

Rien n’empêche pour autant d’essayer de favoriser leur installation dans l’environnement du verger en plantant des haies composites et des plantes comme l’inule visqueuse favorable à la présence de l’eupelmus.

Araignées, chauve-souris et d’autres peuvent  également intervenir. Encore une bonne raison de préserver la biodiversité.

Nichoir a pipistrele
Fleurs d'inule visqueuse

En agriculture biologique les modes de lutte contre cet insecte sont peu nombreux

Un insecticide à base de spinosad (une toxine secrétée par une bactérie et agissant sur le système nerveux) est autorisé en bio, mais son manque de sélectivité en fait un produit à l’utiliser qu’avec de grandes précautions.

Le piégeage massif consiste à disposer des pièges avec un attractif alimentaire.

Mais le nombre de pièges à disposer et le travail d’entretien que cela implique réserve généralement ce mode de lutte aux petits vergers.

Des essais de positionnement de filets sur les arbres sont en cours, mais le travail de manipulation et le cout d’un tel dispositif me semblent être un obstacle a sont développement

Piege a mouche artisanal avec attractif alimentaire
Essai de protection contre la mouche de l'olive avec des filets alcarpo recyclés

La technique  la plus utilisée  est la pulvérisation d’une barrière minérale.

Des essais ont été fait avec du talc, de l’argile verte, mais les meilleurs résultats sont obtenus avec l’argile blanche.

Il s’agit de kaolinite calcinée provenant de carrières comme celle située en Bretagne.

L’argile est mélangée a de l’eau a un dosage d’environ 5% .On peut y ajouter un agent mouillant a base se terpène de pin qui va améliorer l’homogénéité du mélange et sa résistance au lessivage par les pluies.

Cette préparation est ensuite pulvérisée sur les arbres

En séchant, l’argile va constituer une fine couche assez dure qui va perturber la capacité des mouches à identifier les olives par la couleur ou l’émission de composés volatils.

De plus, la couche d’argile durcie va modifier la surface de l’olive ce qui va rendre la ponte très difficile.

L’argile n’agit donc pas comme un insecticide, mais comme un répulsif ce qui oblige à maintenir une bonne couverture des arbres tant que le risque de ponte persiste.

Cette couverture doit donc être renouvelée entre 3 et 6 à 7 fois dans la saison  pour tenir compte du grossissement des olives et du lessivage par les pluies.

Pour en savoir plus sur l’utilisation de l’argile en arboriculture :Argiles en arboriculture

Pulverisation de l'argile
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